S’il est des philosophies politiques qui intéressent L’Ordinaire des Amériques, le libéralisme est assurément de celles-là — mais avec le caveat d’être presque systématiquement entendu dans une acception économique qui, dans le cas des États-Unis, confine à l’oxymore. Le libéralisme sous-tend les notions de démocratie et de droits de l’homme mais c’est en sa qualité de modèle économique qu’il est devenu la doctrine dominante aux États-Unis à la fin du 18e siècle. On parle hâtivement dans ce cas de libéralisme « économique » ou « classique » et c’est à ce modèle-là que pensent la plupart des Européens dès lors qu’on leur parle de libéralisme, à une confiance absolue placée dans un libre marché régulateur invisible de l’économie. Dans le sillage de John Locke, théoricien de la propriété privée, au 17e siècle, puis de Friedrich Hayek au 20e siècle, pour qui les fonctions nécessaires du gouvernement sont semblables à celles du service d’entretien d’une usine, et d’un libe...
]]>Among the political philosophies of interest to L’Ordinaire des Amériques, liberalism is arguably among the most intriguing, one that is almost systematically constructed in an economic sense that borders on the oxymoronic in the case of the United States. While liberalism underpins the notions of democracy and human rights, it is as an economic model that it became the dominant doctrine in the United States at the end of the 18th century. In this case, we hastily refer to “economic” or “classical” liberalism. This is the model that most Europeans think of when they hear the word liberalism, with absolute confidence in the free market as the invisible regulator of the economy. In the wake of John Locke’s 17th-century theory of property and, in the 20th century, of Friedrich Hayek’s notion that the necessary functions of government as similar to those of a factory’s night watchman, and of Robert Nozick’s libertarianism and minarchism, classical liberalism no longer g...
]]>La revue était alors rattachée à l’IPEALT, l’Institut Pluridisciplinaire pour les Études sur l’Amérique Latine à Toulouse, symbole de la longue histoire de la recherche en sciences humaines et sociales axée autour de l’Amérique latine à l’Université de Toulouse. En 2010, l’Institut s’est lancé dans une nouvelle aventure scientifique et pédagogique en s’élargissant à l’aire culturelle nord-américaine et en se rebaptisant IPEAT (l’Institut Pluridisciplinaire pour les Études su...
]]>« Où trouver la lumière / Dans cette ombre qui sans fin s’étire ? ». Dans ce long poème lu le 20 janvier 2021, à Washington, lors de l’investiture présidentielle, la jeune poète états-unienne Amanda Gorman fait retentir une interrogation dont la tradition remonterait, pour le moins, à l’aube de la modernité. En effet, ce questionnement s’inscrit dans une généalogie poétique qui, depuis Hölderlin et le romantisme, relance la possibilité d’« habiter le monde », alors même que l’essence de ce dernier serait dorénavant la crise et/ou la rupture. En l’occurrence, ce dossier de l’ORDA se penche sur le monde américain et sa manière (particulière ?) de relever le défi.
Chaque poète ici convoqué.es nous donne sa version très personnelle de cette expérience du monde ; un imaginaire qui dit, dans la reprise et la variation, la richesse et la versatilité que favorise un « habiter en poète ». Avec leur lang...
]]>Le savant Alexandre de Humboldt définissait au début du xixe siècle l’objet de sa recherche comme l’étude de « l’habitabilité progressive de la surface du globe ». En menant une vaste enquête sur le continent américain, il souhaitait étudier « la façon dont les humains avaient peu à peu transformé leurs environnements pour les plier à leurs usages et former des écosystèmes au sein desquels ils étaient devenus des forces décisives » (Descola, 2015).
Claude Lévi-Strauss a, en son temps, cherché dans les mythes un fonds commun culturel américain qu’il a notamment trouvé dans l’importance donnée par de très nombreux collectifs à l’observation concrète de l’environnement, autrement dit de leur habitat écologique. À sa suite, Philippe Descola a souligné la place de l’ontologie animiste dans une majorité de cultures amérindiennes : dans les Andes, en Méso-Amérique, en Alaska, en Amazonie, dans les Grandes Plaines, les animaux, les pierres, les montagnes, les plantes possèdent un...
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